ECTS
4,5 crédits
Composante
Philo, Info-Comm, Langages, Littératures & Arts du spectacle
Volume horaire
24h
Période de l'année
Enseignement dixième semestre
Description
Titre: « La Danse macabre et ses prototypes, de la fresque à l’imprimé »
Alliant le thème des « états du monde » à celui de la mort inéluctable, la « danse des morts » connaît le succès dans l’Europe du XVe siècle. Si son origine reste mystérieuse, c’est la fresque du cimetière parisien des Saints-Innocents, réalisée en 1424, qui lui assure une large diffusion. Les images qui la composent représentent une série de personnages dialoguant avec leur double décharné qui les entraîne au tombeau; elles s’accompagnent chacune d’un petit poème, l’ensemble (env. 550 vers) formant une farandole aux accents à la fois tragiques et carnavalesques - c’est toute la société qui défile - en guise de "memento mori". Diffusée par les manuscrits puis par l’imprimé, la Danse macabre se développe et s’adjoint à la fin du siècle un volet féminin (la Danse macabre des femmes). Véritable phénomène culturel lié au développement de « l’art de bien mourir », oeuvre intermédiale avant l’heure, elle exploite avec originalité l’articulation texte-image, à quoi s’ajoute une dimension musicale et théâtrale. C’est un motif majeur non seulement dans l’histoire littéraire (chez Villon, Baudelaire et Apollinaire) mais aussi dans l’histoire de la musique (Danse macabre de Liszt et de Saint-Saëns) et au cinéma, du Septième Sceau de Bergman (1957) à la scène d’ouverture de Spectre (2015).
Au Moyen Âge, elle a plusieurs prototypes qu’on se propose d’étudier dans le cadre du séminaire, sous forme de poèmes, traités et sermons. On verra qu’elle constitue souvent, dans les recueils manuscrits, le centre autour duquel s’ordonnent les pièces. On s’appuiera en particulier sur la première édition imprimée du texte et de ses images, l’incunable de Guyot Marchant (1485) pour interroger ce « phénomène culturel européen » à l’aube de la Renaissance. A défaut de visiter le cimetière des Innocents, détruit en 1786, une séance de travail sera organisée « hors les murs », sur le site du Département des manuscrits de la BnF, autour d’exemplaires de la Danse macabre et du Dit des trois morts et des trois vifs étudiés en cours.
Objectifs
Le séminaire vise à explorer en diachronie (XIIe-XVIe s.) les multiples facettes d’un thème, celui de la danse macabre, dont l’incunable de Guyot Marchant (1485) a fixé durablement la forme et les images. Prenant cette édition pour base, on interrogera les fonctionnalités du livre, en se fondant sur la matérialité du support, et en le comparant à d’autres témoins, manuscrits et imprimés.
Les étudiant.e.s se verront confier l’étude d’un personnage de la Danse macabre, qui sera examiné dans ses différentes versions et confronté aux autres personnages du cortège.
Ce travail sera présenté oralement lors d’une séance de synthèse et donnera matière à évaluation.
Évaluation
- Session 1: Mini-dossier ou oral (à l'appréciation de l'enseignant)
- Session 2 dite de rattrapage : 1 mini-dossier
Pré-requis obligatoires
Connaissances des fondamentaux en histoire littéraire.
Pratique de la méthode et des outils de l’analyse littéraire.
Compétences visées
- Compétences en analyse textuelle et iconographique,
- Capacité à se repérer dans l’histoire littéraire et à interroger un motif littéraire sous des angles divers et à partir de supports différents.
Bibliographie
Bibliographie sélective:
- Sur l’imprimé de Guyot Marchant, voir la notice « Danse macabre » en ligne sur le site ArLiMa (Archives de littérature du Moyen Âge) et les liens vers les éditions de 1485 et 1486 (numérisées, à télécharger).
- Sur la poétique de la danse macabre, voir l’ouvrage essentiel de Christiane Martineau-Génieys, Le Thème de la mort dans la poésie française de 1450 à 1550, Paris, Champion, 1977.
- Pour situer le thème dans l’histoire de la société médiévale, voir l’étude de Philippe Ariès, L’homme devant la mort, Paris, Seuil, 1977
- Sur l’importance du thème de la mort dans la tradition littéraire, voir l’ouvrage collectif sur La mort dans la littérature française du Moyen Âge, éd. Jean-François Kosta-Théfaine, Villers-Cotterêts, Ressouvenances, 2013, ainsi que l’anthologie publiée par Jean-Marcel Paquette, Poèmes de la mort de Turold à Villon, Paris, 10/18 (Bibliothèque médiévale), 1979
- Sur la légende des trois morts et des trois vifs, voir Stefan Glixelli, Les cinq poèmes des trois morts et des trois vifs, Paris, Champion, 1914 (en ligne).
- Sur la place du thème dans l’histoire du livre, voir le catalogue de l’exposition Le Livre & la Mort (XIVe-XVIIIe siècle), sous la dir. d’Ilona Hans-Collas, Fabienne Le Bars, Danielle Quéruel, Nathalie Rollet-Bricklin, Yann Sordet, Anne Weber, Bibliothèque Mazarine & Editions des Cendres, 2019
Ressources pédagogiques
Ressources en ligne ou fournies par l'enseignante au fil des séances