Formes et mythes (EAD)

Le jugement moral au risque de la fiction (XX-XXIe s.).

Sur quoi se fondent nos jugements moraux sur les œuvres de fiction ?
Cette question se décompose en deux autres.

1/Comment évaluer la portée idéologique ou de la signification morale d’un récit ou d’une pièce ? Certaines œuvres affichent une intention philosophique ou éthique. Faut-il les prendre au mot ? Ne risque-t-on pas de négliger la complexité du discours, l’autonomie de la création vis-à-vis des intentions initiales, ou encore le rôle actif du lecteur dans l’interprétation ?
Le problème se pose avec plus d'acuité encore pour la modernité littéraire, qui se prévaut de son indépendance à l’égard de toute injonction morale ou idéologique : neutralité, impartialité, ironie, polysémie, polyphonie ont en effet été présentées par les écrivains de la modernité comme autant de moyens d’empêcher l’art du récit de figer sa description du monde en construction dogmatique. Kundera ne définissait-il pas le roman comme « le territoire où le jugement moral est suspendu » ? Mais, outre que cette sentence mérite discussion, n’est-ce pas déjà là formuler une sorte de « morale du roman » ?

2/ Faut-il (ou peut-on) soustraire la fiction à toute évaluation morale ? Qu’elles se réclament ou non d’une « morale », il arrive que des œuvres de fiction heurtent nos valeurs. Peut-on juger une fiction comme on le ferait pour d’autres types de discours ? Comment aborder de grandes œuvres qui, à tort ou à raison, sont accusées de mettre en circulation des représentations tenues pour inacceptables ? Renoncer à les lire, ou se contenter d’en faire le procès, n’est-ce pas une manière de se dérober devant ce qu’exige l’expérience de lecture : la rencontre de l’altérité ?

• Travail sur la question des genres littéraires, des implications éthiques de la fiction et de l'herméneutique littéraire.
• Etude approfondie de quelques textes fondateurs de la modernité européenne.

• Session 1: Mini-dossier ou oral (à l'appréciation de l'enseignant)

• Régime Dérogatoire : Non

• Session 2 dite de rattrapage : 1 mini-dossier

• Compréhension contextuelle des textes littéraires,
• Sens de la problématisation.

Une bibliographie détaillée sera fournie en cours d'année.

 
En attendant, on consultera avec profit les ouvrages suivants :

• Susan Suleiman, Le roman à thèse, 1983, rééd. Garnier 2023)
  
• Milan Kundera, L'Art du roman (Gallimard, 1986) et Les testaments trahis (1993)
  
• Christine Baron, La Littérature à la barre, CNRS édition, 2021
  
• Frédérique Leichter-Flack, Le Laboratoire des cas de conscience, Champs, Flammarion, 2023.
  
• Paole Tortonese, La faute au roman. Littérature et morale, Vrin, 2023
  
• Laure Murat, Toutes les époques sont dégueulasses - Ré(é)crire, sensibiliser, contextualiser, Verdier, 2025